Réalités plurielles
de l’exclusion à la lumière de la psychanalyse
Centre Régional de
Documentation Pédagogique
Vendredi 27 novembre
14h -
Introduction par Philippe Michel et Nicole Tréglia.
Y
a-t-il un Bien commun?
14h30 - Le rôle de l'avocat dans l'émergence d'une parole de
défense: cheminements "de l'intimité de la personne à l'expression d'une
parole".
Comment
dans l'intimité d'une défense établir un lien de confiance et faire germer la
crédibilité d'une parole de défense. L'établissement d'une relation au regard
des diversités des situations. A quelles difficultés sera confronté l'avocat?
Doit-il s'opposer au client et à sa parole dans l'intérêt même de la
défense ? Comment situer sa propre
responsabilité entre la conscience de la défense et le respect de l'être
concerné?
Par Denis Dreyfus,
avocat associé au Barreau de Grenoble, cabinet CDMF Avocats, spécialiste de
droit pénal, ancien Bâtonnier de l'Ordre des Avocats, ancien président du
centre de formation professionnelle des Avocats de la Cour d'appel de Grenoble,
membre du conseil de l'Ordre.
15h 00 – Discussion
15h20 - Flash (avec
Jean-Pierre Cardi, Proviseur du lycée
agricole du Valentin, Bourg les Valence)
15h30 -
Tracer une voie nouvelle dans l'impossible d'éduquer.
Freud en son temps
avait porté un diagnostic ferme et lucide sur trois professions, éduquer,
gouverner, psychanalyser, tout en faisant valoir
comment ces trois métiers pouvaient prendre appui sur sa découverte
essentielle, la pulsion de mort, dont il rappelait à un autre savant, Einstein,
l'importance dans ce qui fonde toute civilisation. Lacan lui nous montre grâce
à l'expérience qu’il déduit de sa pratique analytique comment on peut faire de
ce qui fait impasse un levier pour remettre en mouvement un désir. On présentera
ce que nous a appris de travailler avec des professeurs.
Par
Philippe Lacadée, Psychiatre,
psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause Freudienne et de l’Association
Mondiale de Psychanalyse, praticien attaché au ACS de
Cadillac, AIHPsy, enseignant à la Section Clinique de Bordeaux.
16h00 - Discussion
16h15 - Une psychiatrie d'exception.
L’OPA récente de la
psychiatrie sur ladite santé mentale traduit la médicalisation de l’existence
et s’accompagne de nouvelles figures de la rationalité médicale, au premier
rang desquelles se trouvent les
thérapies cognitivo-comportementales qui épinglent les sujets à partir de leurs
conduites et réduisent la souffrance à un comportement. Parallèlement la santé
devient un marché sur lequel lorgnent les capitaux privés.
La psychiatrie
saura-t-elle résister à la normalisation généralisée des conduites, créatrice
de ségrégations multiples ? Saura-t-elle résister à la constitution de
paranoïas groupales, fruits de cette même ségrégation ? Saura-t-elle
résister à une extension sans précédent du dispositif sécuritaire qui va bien
au-delà de son champ d’action ? Saura-t-elle résister au règne de
l’expertise généralisée, à la protocolisation mortifère des soins ?
L’idée, soutenue par
Lacan au soir de sa vie, que « tout le monde délire » nous conduit
vers une toute autre orientation : celle de faire de la vie de chaque
patient un cas particulier.
Par Dominique Wintrebert, Psychiatre des
hôpitaux, chef de service au CHLes Murets (La Queue-en-Brie), AIHPsy de la
région parisienne, enseignant à la Section Clinique de Paris-Saint-Denis.
16h45 - Discussion
Au cas
par cas
17h00 - Grégory.
L’histoire de
Grégory, jeune homme sans passé et représenté par le signifiant
« incapable », a été construite par la justice autour de ses
expériences sexuelles. Dès lors identifié comme un « délinquant
sexuel », il est expulsé de son cadre habituel. La contingence lui fait rencontrer le
discours analytique, avec lequel il s’attache un temps à occuper une place où chacun peut le reconnaître
comme utile. Nous parlerons du temps de l'instruction, où Grégory a
pu construire une ébauche de solution en rentrant dans un cadre
défini par quatre points : justice,
psychiatrie, psychanalyse et foyer éducatif.
Par
Florence Vignon-Tranchand, Psychanalyste,
membre de l’ACF Rhône-Alpes et du CERCLE, Centre d’Étude et de Recherche en
Clinique Lacanienne.
17h30 - Lucien, l’exclu du sommeil.
Lucien, un
adolescent, souffre d’insomnies qui l’empêchent de rester éveillé en cours.
S’amorce alors un retrait, d’abord de la scolarité et aujourd’hui de la société
peut-être. Entre déscolarisation et désocialisation, le jeune homme tente une
solution en impasse: écrire un livre...
Par Dominique
Rousseau, psychologue en CMPP (Hauts de Seine)
18h00 - Discussion
18h30 – Choeur d'enfants du Conservatoire de Grenoble, Chef de choeur
Olivier Strauch.
Samedi 28
Matin
Lieux d’être
9h30 - Un nouage civilisé. Justice, enfance et clinique.
La protection de l'enfance convoque
le droit et l'éducation. S'il fut une époque où les parents étaient écartés du
placement de leur enfant, ils demeurent aujourd'hui au centre d'un processus
marqué par la judiciarisation propre à nos sociétés pétries par la
revendication des droits et du statut de victime.
L'orientation analytique offre une
autre logique que cet effet de balancier
: l'usage des semblants, un rapport modéré à la vérité et à la transparence...
contribuent à faire de l'accueil d'enfants en souffrance, pas sans parent, un
nouage civilisé.
Par Nicole Tréglia, psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause
Freudienne et de l’Association Mondiale de Psychanalyse, enseignante à
l’Antenne de Grenoble de la Section
clinique de Lyon.
10h00 – Discussion.
10h15 – Et l’enfant fut.
Les pratiques en institutions sont
des pratiques relationnelles qui donnent corps aux représentations de l’enfant,
de sa famille tel que les professionnels
en témoignent.
La supervision permet de faire apparaître
l’enfant. Celui dont on s’occupe. L’autre, l’enfant réel – objectif- lui, reste
opaque.
De même, à partir des écrits du
dossier, peut se déduire l’enfant et les parents avec lesquels les
professionnels travaillent.
Le savoir d’une équipe est toujours
riche pour peu qu’un usage de la parole le mette en valeur en soutenant son déchiffrage
dans l’établissement de ce qui le compose. Ce savoir construit dans la réunion
de supervision vient de ce qui trouble, agite dans le lien à l’enfant et à sa
famille.
En isolant les significations
troublantes, d’autres mots peuvent apparaître, rendant la langue davantage
vivable. C’est ce travail que soutient le psychanalyste.
Par Serge Dziomba, psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause
Freudienne, de la New Lacanian School et de l’Association Mondiale de
Psychanalyse.
10h45 – Discussion.
11h00 – Flash (avec Marie Reitberger, enseignante
détachée à la mission de lutte
contre le décrochage scolaire).
11h15 - Le banquet de Nonette.
Une institution pour autistes tel
que le Centre Thérapeutique et de Recherche
de Nonette peut paraître cumuler tous les traits ségrégatifs; comment avec
l'orientation analytique peut-on se servir de cet apparent paradoxe pour
produire des effets de civilisation?
Par Jacques Borie, psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause
Freudienne et de l’Association Mondiale de psychanalyse, coordinateur de la
Section clinique de Lyon, Président de
l’Association de Gestion du C.T.R. de Nonette.
11h45 - Discussion
12h00 - Pause
Après-midi
Les moyens de la réalité
14h00 - Le droit des
mineurs en France : un droit spécial ou une banalisation du droit des majeurs ?
Au moins un analyseur de la place des mineurs dans la société.
Au XIX
ème, l'enfant délinquant était dangereux : il mettait
en danger la société par ses actes, il fallait s'en protéger par l'enfermement.
Courant
XX ème, la société prend en compte la personne de
l'enfant, le danger que vit l'enfant délinquant : il faut le soigner de son
"délit-symptôme."
Au XXI
ème, de nouveaux
textes : il faut juger vite des faits qui font peur. Y a-t-il une place pour
l'enfant ? Est-il seulement un délinquant, auteur de faits ? Est-il encore un
être en devenir ?
Par Jean-Marie Fayol-Noireterre, magistrat honoraire, ancien juge des
enfants, ancien président de cours d'assises,
membre du CIEN (Centre Interdisciplinaire pour l’Enfant, Institut du Champ
Freudien).
14h30 - Discussion
14h45 – La non-exclusion comme réponse.
Lors d’une intervention une nuit pendant mon temps d’astreinte, j’ai été
frappé au visage par une adolescente.
L’adolescente a été mise à pied pour sanctionner ce passage à l’acte,
puis nous l’avons accueillie de nouveau dans l’établissement. Cette décision a
provoqué un débat très animé au sein de l’institution dont la majorité des
membres réclamaient son exclusion.
Entre la représentation symbolique institutionnelle du directeur
adjoint, la dimension pénale d’une agression physique qui a entraîné le dépôt
d’une plainte, et la considération de cet évènement dans l’histoire d’un sujet,
ce fait et ses conséquences ont posé la
question du traitement adapté d’une telle situation dans un cadre éducatif.
En refusant l’application d’un modèle de réponse toute faite, le choix
d’une solution subjective a bousculé l’équilibre institutionnel et les
représentations du plus grand nombre.
Par Guy Vincent, directeur-adjoint
à la Maison d'Enfants Clair matin (Vaugneray- Rhône).
15h15 – Discussion
15h30 – Une pratique exposée.
Le cpct précarité (Centre Psychanalytique de Consultation et de
Traitement) de Lyon reçoit celles et
ceux qui y sont adressés par des travailleurs du champ social, des institutions
de réinsertion (par exemple des
sortants de prison), mais aussi le tout venant, souvent égaré dans une
recherche « d’accès au soin ».
La précarité n’est pas étrangere à la psychanalyse, elle est au fondement de sa pratique de
parole.
La pratique exposée du cpct vérifie
la formulation de Jacques-Alain Miller selon laquelle « nous ne
distinguons pas la réalité psychique de la réalité sociale ». Cette
pratique ouvre une nouvelle perspective sur les modalités de la désinsertion.
La question de la santé mentale a
investi le champ des institutions sociales ; Canguilhem, déjà, opposait santé publique et
santé subjective. Le discours psychanalytique travaille, pas sans les autres
discours, à rétablir un lien pour un sujet
avec les conséquences de sa parole.
Par Nicole Borie, psychanalyste, membre de l’Ecole de la Cause
Freudienne et de l’Association Mondiale de psychanalyse, enseignante à la
Section Clinique de Lyon, Directrice du CPCT de Lyon.
16h00 – Discussion
16h15 - Vivre hors norme
pour survivre
Crise économique, contraintes budgétaires,
restriction de l’immigration, viennent au soutien d’une idéologie sécuritaire
normalisante et excluante. Les solidarités naturelles s’effacent et la
solidarité organique s’effrite.
La confrontation de la légalité avec des modes de
vie alternatifs ou des modes de survie s’aggrave et pose la question de leur
légitimité. Les sans papiers, les sortants de prison, les SDF, les malades
abandonnés, les jeunes exclus du système scolaire, sont autant de figures de
ces nouveaux « hors norme » dont la place dans notre système se
réduit peu à peu. Quelles réponses apporter ?
Par Christophe Deltombe, avocat, Président d’Emmaüs France.
16h45 - Discussion
17h00 - La question sociale aux temps de la
globalisation. Horizons et perspectives.
Les droits sociaux des migrants en
Europe, entre status civitatis et citoyenneté européenne. Les paradoxes de la globalisation :
l’inclusion sociale, l’écart entre les théories, les pratiques et les politiques.
Le rôle des initiatives institutionnelles et associatives comme condition du
traitement de la demande sociale. Les
Droits de l’Homme nouvelle génération.
Par Micaela Bracco, Professeur de Lettres, Coordinatrice de l’INAS – Institut National d’Assistance
Sociale de la CISL -Confederazione Italiana
Sindacati Lavoratori – en Argentine ;
Présidente de la Commission de Prévoyance Sociale du COMITES de Buenos
Aires (organe électif de la communauté italienne traitant des questions
relatives aux italiens résidant à l’étranger).
17h30 -
Discussion
17h45
– Clôture
19h - Cocktail
offert par la Mairie au Musée de Grenoble.